LA PRESSE FÉMININE, L’ENNEMIE DES FEMMES

15 mars 2021

 



J’ai arrêté de lire la presse féminine depuis longtemps. Si je lui reconnais une capacité à me divertir et à me vider la tête quand je bois une thé chez ma grand-mère, lire ces magazines peut être très néfaste pour la santé si on les consomme à haute dose.

Je crois que nous, les femmes, nous méritons des supports de divertissement de meilleure qualité. Des supports qui n’appuieraient pas constamment sur nos insécurités ou qui n’amplifieraient pas nos complexes déjà bien assez nombreux (ElleCosmopolitan), des supports qui ne nous montreraient pas en permanence des photos de stars avec des légendes moqueuses (VoiciCloser).

C’est un mystère pour moi : pourquoi consommons-nous (avec joie en plus) des contenus qui nous envoient en plein visage les pires méchancetés sur nos personnes ?  Pourquoi apprécions-nous voir les stars et leur cellulite à la plage et nous moquer d’elles (ce sont des femmes, nous sommes des femmes, on les regarde, on se moque, puis on se regarde soi-même et on se dit quoi ?) Pourquoi prenons-nous du plaisir à lire ces magazines qui nous créent des complexes là où il n’y a pas besoin d’en avoir ? Pourquoi aimons-nous autant nous flageller nous-mêmes ?

La presse féminine joue sur nos insécurités pour nous vendre des produits et des services. Elle crée des complexes et propose ensuite des solutions. « Nouvelle tendance en 2021, faites attention à votre ride du lion entre vos deux yeux ! C’est très vilain ! Mais pas de panique, nous avons la solution. Voici les crèmes de L’Oréal, Lancôme et Dior (qui nous ont payé pour ça) qui vont vous sauver de cet horrible cratère au milieu du visage ! » Les magazines créent des complexes qui ne peuvent, par essence, pas être réglés. On ne peut pas empêcher le vieillissement, on ne peut pas ne pas avoir de cellulite, on ne peut pas ne pas avoir la peau qui finit par pendre. C’est impossible. C’est la vie, c’est la gravité, c’est comme ça.

Créer des complexes fait vendre, c’est le principe de la totalité des produits cosmétiques pour les femmes. Des crèmes anti-rides, des crèmes anticellulite, des crèmes pour s’épiler, des crèmes pour les joues, des crèmes pour sous les yeux, des crèmes pour le cou, des crèmes pour les cuisses, des crèmes pour les pieds, des crèmes pour les jambes, des avant-shampooings, des shampooings, des après-shampooings, des masques. Tout autant de produits pour contrecarrer cette nature qui nous a définitivement bien mal loties. Dites donc, ne serait-on pas un peu fatiguées de lutter contre des choses contre lesquelles on ne peut rien faire ? (Et qu’en face, les types ne prennent même pas la peine de se couper les ongles des pieds ou de se laver correctement ?)

Combien de complexes et combien de mauvaises conceptions du couple et de la vie me suis-je créé en lisant cette presse pendant plus de dix ans ! Girls, Miss, Jeune et Jolie puis plus tard Cosmopolitan et 20 ans. Quand je vois les unes de ces magazines aujourd’hui, ou tout du moins de ceux qui existent encore, je n’ose pas imaginer le contenu que j’ai emmagasiné dans les années 2000. L’impression d’avoir été une pauvre oie dont on a gavé non pas le foie mais la cervelle. Je ne me souviens plus exactement du contenu mais je sais que j’ai infusé là-dedans comme la grenouille qui s’endort dans l’eau qui devient de plus en plus chaude et que les dégâts ont été faits. Je sais aussi que ce devait être plein de « tu n’es pas assez bien naturellement, il faut changer ceci ou cela » (comme c’est toujours le cas aujourd’hui, on le voit ci-dessous) et de conseils pour être une femme parfaite POUR un homme (et je n’ai aucun doute sur le fait qu’il y avait plein de conseils typiques de la culture du viol). Qu’est-ce qu’il résulte de la lecture de ces magazines couplée à la société dans laquelle on vit ? L’impression de n’être jamais assez. Je peux faire un sondage auprès de cent femmes, je suis persuadée que plus des trois-quarts se reconnaîtront totalement dans cette phrase.

Tout ça pour parler de la Une du Elle qui est sorti dernièrement. (Elle est un hebdomadaire et non pas un mensuel comme indiqué plus bas, c’était donc la Une d’une semaine du mois de janvier). Cette couverture était un tel condensé de toutes les horreurs de la presse féminine.

A la fin, je propose une Une d’un magazine qui prendrait vraiment soin de nous et pour lequel notre bien-être serait important. C’est le genre de magazine que j’aimerais lire, c’est le genre de magazine que j’aimerais trouver. Un magazine qui ne m’apprend pas à me détester. Alors certes, on vendrait moins de produits si les femmes étaient bien dans leurs corps. Mais nous, de notre côté, on serait plus épanouies, moins complexées, on se sentirait mieux, on aurait davantage confiance en nous, on passerait moins de temps à nous morfondre devant la glace à inspecter tout ce qui ne va pas.

Bonne lecture !

P.S. Vous avez tout à fait le droit de lire et d’aimer la presse féminine. Je pense simplement qu’il est important de savoir les effets, souvent inconscients, que cette lecture peut avoir sur nous ♥


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